De Plymouth à Edinburgh en vélo

Cette histoire se déroule fin avril 2025. Celle de 4 cyclistes déterminés à réaliser 1200km de vélo pour rallier Plymouth à Edinburgh en une dizaine de jours.

Eléonore, Thomas, Ysaline et moi-même préparons ce grand périple depuis plusieurs mois. Création de l’itinéraire, entrainement, préparation des affaires, recueil d’informations sur le pays et prise de contact avec l’association Bloom, qui se bat pour des causes telles que lutter contre la destruction des océans (https://bloomassociation.org/), afin de créer une cagnotte participative.

Nos vélos sont prêts, équipés de leurs saccoches et ils ne sont pas légers. On y met nos tentes, duvets, de quoi avoir chaud, mais aussi de quoi lutter contre les averses, le nécessaire pour réparer les crevaisons, qui se succèderont les unes après les autres. De mon côté, je prends mon boitier avec un 35mm.Je suis convaincu que de belles images sont à prendre et je rêve de cette ambiance Écossaise verdoyante, nuages rasants, quelques rayons de lumières venant éclairer les plaines.

Notre trajet commence à Plymouth, de l’autre côté de la Manche, avec l’avantage d’être facilement accessible en ferry depuis Roscoff.

Parcours : Plymouth, Tiverton, Bristol, LLanidloes, Porthmadog, Liverpool, Lancaster, Penrith, Mofat, Edinburgh.

Je me souviens du premier jour comme si c’était hier. Nous quittons Plymouth rapidement en empruntant un magnifique sentier sportif. Des coureurs et cyclistes partout, et ils ont bien raison il fait beau ! Et nous ? Nous sommes heureux d’entamer le premier jour de cette incroyable aventure !

Cette journée est un avant goût de ce qui nous attend pour le reste du périple. Nous plongeons directement en pleine nature, dans le parc national du Dartmoor. Des animaux libres, comme ces deux chevaux magnifiques, du dénivelé, de la verdure.

Les routes anglaises sont très étroites, pas les plus entretenues (nids de poules à foison) et souvent bordées par des haies. Ces maudites haies, des épineux, joies pour les amateurs de crevaisons . Pour ce qui est de la conduite, les automobilistes dans le sud sont très aimables et doublent avec précaution, mais j’ai eu le sentiment que, passé Bristol, c’est devenu le Far-West.

On prend vite le pli pour rouler à gauche, après quelques expériences en Irlande, dans les iles Anglo-normandes et au Japon, je commence à maitriser la pratique !

Vous vous demandez certainement comment se préparer pour une telle aventure ?

Le bikepacking, cette liberté d’aller partout. C’est à la portée de tout le monde, et avec un peu d’entrainement, faire 5h de vélo à 18km/h de moyenne, ça passe comme une lettre à la poste. Et j’encourage tout le monde à faire l’expérience sur quelques jours. Le vrai défi c’est partir léger et prendre les bonnes précautions pour être autonome.

Côté mécanique, il faut emmener de quoi entretenir la chaine (dérive chaine, lubrifiant, etc.), réparer un pneu, réparer une attache de sacoche qui lâche ! Il arrive forcément des bricoles. Bon, c’est le Royaume-Uni … pas un désert au milieu de la Mongolie ! Les magasins pour gros dépannages ne manquent pas et heureusement pour nous.


Au moins une crevaison par jour dans l’équipe, le zip de ma sacoche de cadre qui a décidé de me dire adieu, un plateau qui se tord (réparé à coups de marteau sur une enclume, oui, vous lisez bien) ! On en a vu de toutes les couleurs !

Voir et être vu, mantra de tout bon cycliste, donc, lampe rouge à l’arrière et lampe blanche à l’avant qui dépote un peu ! Forcément, il faut de l’autonomie, la batterie portative pour charger tout le petit matériel électronique est un bon ami.

Côté vêtements, on s’adapte à la saison et au lieu. Là haut, ça peut vite rimer avec hypothermie et tout trempé ! J’ai ma veste Millet d’alpinisme, capable de résister à plusieurs bonnes averses, des vêtements chauds en mérinos et 2 cuissards. Je n’oublie pas la crème chamoix, 5h de selle par jour, il faut protéger son popotin !

Je cale dans un coin ma petite trousse de survie : Doliprane, couverture de survie, ciseaux, …

La tente bivouac prend un peu de place, mais c’est elle qui permet de dormir partout !

Cela n’empêche pas de ramener un peu de confort, personnellement, j’embarque mes écouteurs Shokz !

Les kilomètres s’enchainent, petits villages, champs, on vadrouille. Nous passons par les gorges de Cheddar, puis Bristol et l’on finit par passer la frontière avec le Pays de Galles. Endroit magnifique mêlant montagnes, forêts…et nous retrouvons l’océan, avec la Cardigan Bay. Nous croisons quelques cyclistes sur notre route ici et là.

Les gens que nous croisons sont très avenants, il est facile d’entamer la discussion, et, nous voyant en cuissards et bien chargés, il sont souvent étonnés quand nous leur disons que nous allons à Edinburgh ! On voit les étoiles dans leurs yeux comme s’ils rêvaient de venir avec nous.

Nous avons une chance phénoménale, celle de ne pas avoir de pluie, je regrette presque d’avoir pris une veste imperméable 28 000mm ! Et le comble, je suis obligé d’acheter une casquette sur place !

Quand on voit des paysages aussi sauvages, on a qu’une envie, bivouaquer sur place. Mais voilà, le camping n’est pas facile, de ce que nous avons compris, hors Écosse : pas de camping sauvage autorisé.

Ensuite, il faut faire la différence entre les campings avec une licence permettant d’accueillir des caravanes, et ceux permettant d’accueillir des tentes !

Je me souviens de la fois où nous allions de camping en camping, recalés à chaque fois, avant de terminer dans une ferme un peu plus dans l’intérieur des terres.

Nous quittons le Pays de Galles pour rejoindre Liverpool. Une belle ville, aux briques rouges, une abbaye en ruine, des bâtiments riches, et surtout, Liverpool est connue pour son mythique groupe de rock : les Beatles.

Nous profitons d’être dans une grande ville pour prendre nos billets retour en train. Les prix sont bien gonflés, il fallait compter plus de 300€ pour un Edinburgh - Plymouth dans l’équivalent d’un TER. Heureusement, l’homme s’occupant de nous derrière son guichet nous donne toute la procédure pour obtenir une carte de réduction duo !

Le temps de dévaliser la supérette du quartier, nous reprenons la route pour pousser toujours plus au nord sur des routes de campagne, assez fun à faire en Gravel.

La chose que je redoutais était la nourriture. On a toujours trouvé de quoi prendre de supers petits déjeuners donnant assez de force pour attaquer la journée. Pour le soir, nous trouvons souvent de quoi faire un petit ravitaillement pour acheter un peu de pâtes ! Nous avons aussi quelques sachets de lyophilisés en cas de coup dur.

Mon secret pour tenir toute la journée sur le vélo, sans le coup de fringale, est une poche à sucrerie sur le guidon ! J’y mets bonbons, fruits secs, barres, etc. Là bas, la marque Cliff fait des morceaux de gelées pour sportifs.

Tout de même, une fois Liverpool passée, une certaine fatigue se fait sentir. Nous devons gérer l’effort, c’est à cet instant que nous arrivons à mettre en place des relais efficaces. Parfois, notre petit peloton marche comme un TGV, tête dans les prolongateurs avec des portions à 30km/h.

Nous montons de quelques degrés en latitude, passons à travers le Lake District National Park. Les lacs sont fabuleux et gigantesques, du moins assez pour faire de la voile dessus et ne pas en voir le bout. Mais ce sont aussi des cols à gravir, aux pourcentages élevés, il faut compter 20%, un peu plus par endroit. Et j’ai beau venir des Pyrénées, je souffre un peu, comme dans Hautacam, et rêve d’un plus petit braquet.

A l’approche de la frontière Écossaise, le froid se fait sentir !

Nous nous équipons : cache-cou, doudoune, coupe vent, gants ! Il faut trouver le bon rythme, celui qui tient au chaud mais qui ne fait pas suer.

Passer ce panneau qui vous dit : “ Bienvenue en Écosse " me donne beaucoup d’émotions. Ce petit cocktail de fatigue, et se dire qu’une partie du contrat est rempli…

Les kilomètres restants sont très roulants, les pentes sont douces et nous ne sommes pas trop embêtés par la circulation.

Nous y sommes ! Edinburgh, 53°N !

Nous entrons dans une ville qui en impose : des constructions grandioses, un château perché sur un énorme rocher, une rue centrale pleine de vie aux couleurs vives, …

Nous lâchons nos vélos et partons à pieds visiter Calton Hill, une colline où l’on trouve des monuments qui semblent être importés tout droit d’Athènes. Puis, nous poursuivons notre bout de chemin pour aller sur le sommet du Siège d’Arthur, en haut, une magnifique vue se dégage, non seulement sur la ville, mais aussi sur la mer du Nord.

Tout cela donne envie d’aller plus haut, dans les Highlands, dans les contrées bien plus sauvages de l’Écosse. À vrai dire, j’ai un nom qui me revient constamment à l’esprit, celui des Hébrides, petites îles à l’ouest, elles semblent magnifiques.

Il ne nous reste plus qu’à rentrer en France, c’est en train que nous rejoignons Plymouth sur un direct. C’est plutôt bien fait dans les trains, il est possible de mettre les vélos à la verticale dans une sorte de placard.

Merci à cette équipe de choc.
Merci à tous ceux qui ont croisé notre chemin et qui ont pu nous aider.

Avec un minimum de préparation, il est possible de faire des choses ambitieuses !
Je me demande déjà quel sera mon prochain voyage à vélo.

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PUGLIA